Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les dits de dames
17 décembre 2008

La petite vierge

 

Je la tiens du bout des doigts avec respect et émotion. Elle ne me regarde pas, la tête légèrement inclinée vers les mains croisées sur sa poitrine, elle porte le noir de son regard vers l’enfant que je n’ai pas.

Sa toge bleue laisse apparaître un genou pudique, renflement que l’on devine sous les plis de sa tunique blanche.

La petite vierge est sale et grumeleuse, ses couleurs ont jauni par les mains qui l’ont cent fois étreinte, apparaissent ça et là des écailles dévoilant la terre qui la forme. Un fin liseré doré marque le bord de la toge, il se confond avec les zones creuses où s’est insidieusement incrustée la poussière. Qu’importe, elle est belle ma petite vierge !

Ce n’est pas son cœur qu’elle cache de ses mains, c’est sa poitrine.

Comme si elle posait ici tout ce qui l’accable,

Comme si l’émerveillement ressenti lui ôtait l’envie de se relever,

Comme si, au-delà de la sainteté du fils, il y avait le viscéral lien maternel, celui qui fait déposer les armes pour un moment de silence, un moment de paix.

 

Il n’y a pas de signature, pas de nom pour le créateur de ce santon si finement modelé. Et si le Jésus a curieusement disparu au fil des ans, reste inchangée la petite vierge au coeur fidèle, attendant patiemment que je lui ramène son fils absent.

Lhanne - janv 2004

.

 

33429181_m

Publicité
Commentaires
Les dits de dames
Publicité
Publicité