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Les dits de dames
24 décembre 2008

Bronzage ...!

 

Cet après-midi, j’aimerais avoir la peau moins jaune. Elle me semble, comme je la regarde, jaune bien cuit et plissée par-dessus le marché ! Moins jaune, mais point blanche ; car trop blanche elle m’apparaîtrait maladive et inquiétante.

J’ai la peau des jambes blanche, blanche à se faire remarquer un après-midi d’août, place du Capitole à Toulouse. J’avais, ce jour là, une petite robe sentant bon l’été, blanc cassé à fleurettes discrètes, légèrement évasée. Elle s’arrêtait à hauteur des genoux et lorsque j’enlaçais mon compagnon, le soleil battant l’air juste derrière nous, j’entendis une voix indiscrète s’exclamer un peu trop fort : « Ouh ! quelle blancheur ! T’as vu ses jambes ?! ». Piquée et rougissante, j’ai serrée un peu plus fort le bras de mon ami, comme si, resserrant la prise d’une bouée de sauvetage, j’éloignais ma probable noyade. Oui, la peau de mes jambes est blanche, totalement blanche, d’une blancheur éclatante, aveuglante de vérité et le cruel soleil d’été la révélait insolemment virginale.

 

Cet après-midi du mois d’octobre, le soleil n’est pas présent. Il s’est éteint tout à l’heure, fatigué de devoir lutter contre les glaçants nuages promis par la chaîne météo. Je regarde mon bras gauche à la lueur hésitante du nord, et je soupire. Ma peau est jaune. J’ai pourtant consciencieusement cuit cet été, décorant mon corps tout blanc de curieuses auréoles bronzées qui raviraient n’importe quel anthropologue telle une carte génétique peinte à même la peau. Mais en vain, cela me semble raté.

 

J’établis froidement un constat : ma gorge est rougeaude et de pitoyables taches brunes, que j’aurais autrefois appelées taches de rousseur, s’éparpillent ci et là entre les premiers plis de peau révélant mon âge. De la couleur vivante qui habillait mon visage et me faisait m’extasier, sottement ravie : « cet été j’ai trouvé le courage de m’exposer au soleil ! », il ne reste rien. Seul subsiste le hâle naturel d’une peau nue colorée à la longue, qui m’encourage stupidement à y croire tous les ans quand tout un chacun se serait résigné. Et encore ! J’ai souvenir de me mirer au plus fort de l’hiver dans le reflet déformant de la barre de douche et de convenir une fois de plus, en soupirant, que décidément je ressemble à un cadavre. Bon, « cadavre » est peu exagéré, « navet » peut-être ? Dommage que tout ce qui me vienne à l’esprit comme qualificatif soit systématiquement péjoratif. Je termine avec les jambes. Quoique. J’ai envie de regarder mes seins, ils sont volumineux comme des melons d’Espagne, blancs et roses juste là où il faut. Mes fesses sont blanches à désespérer un prêtre et mes jambes, seules parties du corps que j’aimerais de temps en temps exposer aux yeux d’autrui, sont inexorablement blanches. J’observe, impitoyable, les diverses parcelles de mon anatomie, et conclus que je n’ai décidément pas ma place ici-bas. Qu’il aurait fallu, pour répondre à ce corps si blanc, un bon XVIIIe siècle, où j’aurais très certainement fait de conséquentes économies en poudre... blanche.

 

Lhanne - oct 08

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