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Les dits de dames
30 décembre 2008

Vacance, absence

Je te fais glisser du dos de la main vers la pliure de mon coude, tu t’égrènes comme sable à petits jets fourmillants, ça me chatouille. Je penche la tête vers la gauche, puis vers la droite, tu suis le mouvement et je te sens heurter l’intérieur de mes tempes, je ferme les yeux, j’aime ça.

 

Ce matin, tôt, c’est le soleil qui mène la danse, il colore le ciel sans aucun nuage pour l’aider et d’un côté à l’autre de l’horizon un calme dégradé s’est installé. Les plus hautes branches des arbres tendent leurs brindilles vers l’azur hésitant comme autant de pattes d’araignées, chacune son dessin, chacune son mouvement. Comme j’ai l’âme de l’absence aujourd’hui, ce sont tes cils que je vois s’agitant sur le faîte des arbres et c’est amusant de les imaginer un instant perchés si haut, pour toi qui est si petit.

 

Tu manques à l’appel, c’est évident.

 

Ce matin, tu es là où je déciderai que tu seras, et tu accompagnes mon voyage aussi loin que porte mon regard.

Je te transforme à loisir comme couleur verte pour l’herbe gorgée d’eau, battue par le vent sur la crête ici, ou là-bas te détachant nettement, fière silhouette noire d’arbre brisant l’éclat blanc du soleil matinal. Je t’imagine ici, embrun glacé en ce jour froid de décembre, claquant ton mouillé contre ce quai breton qu’aucun brave ne veut arpenter. Tu es le brusque étouffement qui me saisit lorsque je respire l’air trop hivernal sur un col pyrénéen en ce matin solitaire. Excès de vent, pièce tardant à se réchauffer et te voici en couvertures pelucheuses me couvrant de sollicitude. Entends-tu ce crissement cotonneux qu’émet la neige vierge sous ma chaussure ? C’est toi encore qui te rappelles à mon souvenir. Et puis cette eau glacée, mais eau quand même, qui perle sur le bord ensoleillé de la terrasse, victoire du liquide sur la neige abattue. Tu es mon rien, tu es celui qui n’est pas. Là.

 

Cet état de vacance, cet état de l’absence créait le repos du corps mais point celui des émotions.

 

Tu manques. A l’appel. Evidemment.

 

Ici, c’est mon désert.

Sec, trop froid ou trop chaud, c’est selon.

Aride, plat, avec un horizon qui bat la semelle en comptant les points.

Une seule teinte réunit le sol et le ciel, et ce n’est même pas une couleur !

...

C’est dur de respirer seul.

Lhanne - 30 Déc 2008

 

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