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Les dits de dames
20 septembre 2011

Les mots d'été

Les volets de la maison d’été se sont ouverts,
Comme ceux d’autres histoires, d’autres chansons.
La lumière du soleil timide,
Les odeurs de la lande et de la mer,
Les cris des oiseaux de mer et le murmure du vent
Ont fait le tour des pièces et ont retrouvé leur place, impatients.
Quelques instants de quiétude.
Bientôt, demain
Les rires et les cris,
Le pain grillé et les gâteaux
Les portes qui claquent
Les livres entr’ouverts, les pulls délaissés, les tasses de thé oubliées
Vont habiller d’un doux désordre la maison de l’été.

Pieds nus dans la lande.
Pieds nus dorés de soleil font chemin entre les touffes de fleurs violettes.
Pieds nus avancent mouillés de la pluie tombée toute la nuit.
Pieds nus se déroulent sur la mousse moelleuse et chaude.
Pieds nus ne s’arrêteraient pas, portés par la douceur du tout.
Emmenés par les pensées qui se dévident, qui s’apaisent.

Un peu voilé ce matin, le ciel va être beau encore ce jour. Hier soir nous étions tous les quatre alignés sur nos chaises de jardin devenues fauteuils de théâtre, de ceux qui sont rouges cramoisis et fatigués aux accoudoirs ; le soleil couchant jouait de son pinceau sur le dos des nuages moutonnés. Couleurs pastelles et vives tour à tour. Le silence fut recueilli et les sens attentifs durant toute la pièce. Et ma main a effleuré ta nuque.

Hier mon corps s’est baigné.
L’eau à la fois fraiche et douce l’a presque enveloppé d’apesanteur.
L’esprit et le corps en accord et détendus.
J’étais bien.
Immobile dans le ballet de l’eau.

Lent ballet des nuées aux formes changeantes et aux subtiles variations de gris et de blancs. Le regard s’attarde. La tâche est délaissée. Qu’importe. L’instant est unique.

La tribu est partie profiter du sable et de l’eau.
Je reste siester, seule prenant tout le lit, toute la maison.
Les bruits du dehors et du dedans s’effacent tout doucement.
Bientôt je vais me baigner dans l’autre monde.
Celui des rêves.
Celui des possibles.

Aujourd’hui le grand vent a pris son élan par-dessus la falaise et nous a bousculés.
A bousculé le corps et fait claquer l’habit.
A bousculé la tête et ébouriffé l’esprit.
De là-haut la mer se faisait grosse de longues ondulations à crêtes échevelées.
Et l’on suivait les ombres des nuages filant par-dessus les bleus miroirs.

Sur la barrière le soleil sèche les derniers embruns lavés.
Les sacs se remplissent des souvenirs.
Ils seront lourds.
La dernière tâche : poussières, grains de sable et herbes folles balayés.
La dernière promenade : quelques pas dans l’eau salée
De l’été

Domlic, septembre 2011

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