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Les dits de dames
28 janvier 2010

Boîte aux lettres 2

Je me retrouve en cette fin d’après-midi, dans un même lieu, à la même place qu’il y a deux ans. Changement de lumière oblige : l’hiver profond recouvre tout de sa noire humeur et la mienne revêt les couleurs des basses températures alentour.

Je considère devant moi une peinture, étroite rouge sang, véritable chaos, improbable image de la cité basse Metropolis, après l’inondation qui doit casser une fois pour toute les immeubles sans âme destinés aux seuls ouvriers. J’y vois comme une soudaine humanité, une désorganisation effaçant le dessin borné d’une cité trop polie. Une série d’alcôves, des grottes, des cavités, des interstices découpant les murs comme le tranchant d’un mot, des anfractuosités sans fond révélant pour qui veut bien le voir, un ailleurs, une possibilité du plus loin.

Oh ! comme j’ai attendu, comme j’ai espéré ta caresse en passant, ta tête se penchant vers moi, ta main légère posée sur mon épaule, l’air de rien : pour demain accompagner mes pas. Je souhaitais tes yeux profonds de la couleur qui te plairait se plissant d’un coup de rire, ta bouche aux commissures relevées prête à dévaler les degrés d’une simple plaisanterie et ton esprit calme observant gravement le monde alentour, sans cri, sans plainte, serein.

Sortant du tableau, tu serais celui qui relève la tête de ceux qui ne croient plus, celui qui rirait quand les autres se lamentent, celui qui apaiserait d’un mot le coléreux parti en bataille. Tu sourirais discrètement, tes yeux cherchant les miens au-dessus de la mêlée des mots, tu serais le maître des heures.

Le chat est venu me rejoindre, il s’affale sur mes genoux, pattes en vrac, cou étiré comme un arc tendu, j’hésite à le toucher.

- C’est bon de te caresser, lui-dis-je.

Dans mon lit froid ce soir, je pose un baume réparateur sur mes mains abîmées et je les frotte doucement l’une contre l’autre en entrelaçant les doigts. La douleur des gerçures s’atténue quelque peu.

- L’attente est dure, dis-je à haute voix, je n’y vois aucun plaisir

 

Lhanne - Jan 2010

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